n°256 - juin 2022

Une place en abri pour chaque Suisse et chaque Suissesse. Tel est l’objectif fixé par les autorités helvétiques dans les années 1960 pour faire face à une possible attaque militaire.

Aussi fou que cela puisse paraître, ce pari a été réalisé. Le taux de couverture suisse atteint 106%. Cela fait de nous le pays doté du plus grand nombre d’abris par personne au monde. La guerre en Ukraine, où des femmes et des hommes se terrent dans des tunnels de métro, des abris, ou de simples caves, a ramené l’abri antinucléaire suisse au-devant de la scène. Des habitants se reposent cette question oubliée: où donc se situe ma place sous terre? Les personnes installées dans des immeubles des années 1960 et 1970, l’âge d’or des abris, connaissent la réponse. Les autres seront informées en temps voulu. On l’avait peut-être oublié, mais la construction des abris n’a pas cessé depuis. Pour chaque projet de construction, le propriétaire doit se poser la question de la réalisation d’un abri. Si le taux d’abris de la commune est déjà atteint, chaque place non-réalisée donnera lieu à une taxe de 800 francs. Par ailleurs, le contrôle et l’entretien des abris demeureront exigés. Il apparaît d’ailleurs que nombre d’abris collectifs ont dérivé vers d’autres fonctions, ce qui les rend inutilisables. Les cantons s’en alarment. Cette politique a un coût. En outre, la création de volumes souterrains bétonnés contribue à augmenter un peu plus encore les quantités de C02 relâchées dans l’atmosphère. Des architectes appellent d’ailleurs à renoncer à ces abris. Ils posent la question des dangers: le risque de succomber à des catastrophes environnementales est-il plus faible que celui d’une attaque nucléaire? Poser la question, c’est un peu y répondre.

STEPHANE HERZOG
Rédacteur en chef
Droit au logement

Bloc redirection Asloca
Pour connaitre les spécificités de votre canton de domicile, veuillez saisir votre code postal :