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Cela faisait longtemps que le peuple suisse ne s’était pas prononcé dans les urnes sur un objet concernant les locataires. Le 24 novembre 2024, il a eu l’occasion de le faire doublement en se prononçant sur les révisions du droit du bail portant sur la limitation de la sous-location et au sujet de la facilitation de la résiliation pour besoin propre. La réponse a été claire! Deux fois un non cinglant! C’est une très belle victoire. L’engagement total de l’ensemble des instances, des collaborateurs et collaboratrices et de nombreux membres de l’ASLOCA – et de votre magazine – pour la défense des droits des locataires aura été essentiel pour obtenir cette double victoire. L’appui du Parti socialiste suisse, des Vert·e·s suisses, de l’Union syndicale suisse, de l’Union des étudiant·e·s de Suisse, de l’AVIVO Suisse et des consommateurs et consommatrices a également contribué à ce magnifique résultat.

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Au-delà du rejet de la dégradation des droits des locataires que les milieux immobiliers et leurs relais parlementaires ont tenté de minimiser tout au long de la campagne référendaire, le résultat des urnes est un signal politique très important. Il est adressé à la majorité bourgeoise du Parlement qui a adopté les deux révisions au mépris de la volonté de l’ASLOCA, de la gauche et du Conseil fédéral lui-même! Le peuple ne veut pas de modifications des droits des locataires qui ne soient avalisées par leurs représentants. Il en résulte que les milieux immobiliers et leurs affidés parlementaires devraient abandonner les deux autres projets de révision du droit du bail actuellement pendants à la Commission des affaires juridiques du Conseil national. Ces derniers visent le coeur de la protection des locataires: la lutte contre les loyers abusifs à la conclusion du bail. Mais les élus fédéraux liés aux milieux immobiliers veulent poursuivre leur offensive contre le droit du bail afin d’assurer aux investisseurs des rendements élevés sans risque de contestation du loyer initial par les locataires. C’est un vrai scandale social, qui démontre une arrogance politique invraisemblable, alors que de très nombreux locataires sont obligés d’affecter 30% à 40% de leur revenu disponible au paiement de leur loyer.

Cette majorité politique composée des élus UDC, PLR et du Centre ne s’arrête pas là. Elle veut intensifier sa tactique antidémocratique. Ainsi, il ne s’agirait plus seulement de saucissonner la révision du droit du bail, comme elle l’a fait le 24 novembre, mais elle souhaite aussi la répartir dans le temps. Or imposer deux votations populaires distinctes
sur le droit du bail en matière de loyer à quelques mois d’intervalle coûte inutilement cher à la Confédération. Ce processus impose à tous les acteurs politiques, mais surtout à l’ASLOCA, le financement de deux campagnes de votation. Si les milieux immobiliers pensent ainsi démobiliser les locataires et l’ASLOCA, ils se trompent. Chaque votation
est l’occasion pour notre association de démontrer aux électrices et électeurs, majoritairement locataires, la cupidité du capital immobilier. Les détenteurs de ce capital sont plus intéressés à augmenter leurs rendements sur les logements existants qu’à construire des logements abordables dans l’intérêt de l’ensemble de la population. Quoi qu’il en soit, l’ASLOCA Suisse est déjà prête à en découdre. Que ce soit en 2025 ou plus tard, elle combattra de toutes ses forces, au nom des locataires de l’ensemble du pays, toute péjoration du droit du bail. Grâce à la mise en place d’une organisation de campagne performante, à une planification financière rigoureuse et à la générosité des locataires de toute la Suisse, l’ASLOCA dispose de toutes les ressources nécessaires pour mener à bien les collectes de signatures, les campagnes référendaires et obtenir le rejet des projets législatifs bourgeois anti-locataires.

L’année 2025 sera pour l’ASLOCA et les locataires une année pleine de promesses puisque nous passerons à l’offensive avec le lancement de notre initiative populaire sur le contrôle des loyers. Cette action est très attendue par les locataires de ce pays, qui souffrent depuis des décennies de l’explosion des loyers. Ils et elles doivent faire des queues
interminables pour obtenir un logement et subir en fin de compte un loyer abusif, sans qu’aucune autorité n’intervienne spontanément pour sanctionner le comportement illégal des bailleurs. L’ASLOCA ne les laissera pas seuls face à ces problèmes.

Carlo Sommaruga
Président
ASLOCA Suisse

17 février 2025
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