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Dans le dernier bulletin sur le marché immobilier publié au début août, les économistes d’UBS confirment l’inexorable et insupportable augmentation des loyers. En comparaison avec 2023, les loyers à la conclusion du bail ont subi une majoration moyenne de 6,2% et les loyers des baux en force de 2,7%. Or, en 2024, les rentiers et rentières AVS n’ont pas bénéficié d’une augmentation de leur rente. L’augmentation du loyer en cours de bail ou lors du changement de logement constitue un coût supplémentaire très lourd. Les nombreuses travailleuses et nombreux travailleurs dont le salaire a peu augmenté ou n’a pas augmenté du tout début 2024 subissent le même sort. Aujourd’hui, pour certains locataires le loyer mange jusqu’à 40% de leur revenu.

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Les économistes libéraux, les partis de droite et la majorité du Parlement comme du Conseil fédéral, M. Guy Parmelin en tête, répètent à l’envie que la résorption de la sévère pénurie de logements qui sévit en Suisse aura lieu avec l’augmentation de la production de logements, ce qui entraînera une baisse des loyers. Selon eux, le marché du logement fonctionnerait comme celui des T-shirts ou des pommes de terre. «Si la production augmente, les prix baissent.» La réalité des chiffres montre que cela n’est pas vrai! C’est une énorme fake news! Il suffit de relever que l’indice suisse des loyers, qui mesure l’évolution des loyers effectivement payés calculé annuellement par l’Office fédéral de la statistique, a progressé de manière inexorable ces dernières décennies. Et cela, même les années au cours desquelles le nombre de logements disponibles était conséquent.

Lorsque la disponibilité de logements s’accroît, une seule chose se produit: les loyers augmentent moins vite! C’est le constat que fait régulièrement le site Homegate. Et pour cause, aucun investisseur, que ce soit une caisse de pension ou un fonds de placement immobilier, ne veut inscrire dans ses livres comptables une diminution des loyers et donc une diminution de la valeur du bien immobilier. Le cas du canton du Valais est emblématique. Lorsque, en 2020, le marché était largement détendu et que le taux de vacance de logements atteignait même 2,4%, avec 6250 logements disponibles, le niveau général des loyers n’a pas baissé. C’est uniquement l’augmentation des loyers des nouvelles locations qui a été moins importante. Mais, lorsque le taux de disponibilité des logements s’est resserré, les loyers ont explosé. Le but? Rattraper les marges bénéficiaires perdues. Ainsi, entre mars 2022 et février 2024, les loyers valaisans ont augmenté de 9,8%! Un cas d’école applicable partout.

En résumé, si l’accroissement de la production de logements répond aux besoins de logements supplémentaires liés à la croissance de la population et à l’augmentation du nombre de ménages, il ne génère aucune baisse des loyers. Dire le contraire, c’est professer des fake news. Le seul moyen effectif pour réduire les loyers, c’est de procéder à leur contrôle et de corriger les loyers abusifs. Actuellement, cela peut être fait uniquement sur demande du locataire dans les 30 jours dès la conclusion du bail, si les conditions posées par la loi sont remplies, ou en cours de bail si le taux hypothécaire de référence, l’inflation ou les charges d’exploitation diminuent. En raison des craintes de représailles ou par ignorance, la grande majorité des locataires ne conteste pas le loyer initial. Or c’est justement à ce moment-là qu’interviennent les hausses massives de loyer qui ne pourront plus être remises en cause par la suite. C’est pour cela que l’ASLOCA a décidé de lancer une nouvelle initiative populaire pour le contrôle automatique et régulier des loyers.

Pour garantir des logements accessibles à toutes les catégories de la population, les moyens sont connus. Outre le contrôle des loyers, cela passe aussi par la maîtrise des prix des terrains constructibles, le maintien des terrains en mains publiques, l’introduction et l’exercice du droit de préemption pour les communes et les cantons et la promotion des coopératives d’habitation dont les loyers sont fondés sur les coûts. Autant d’actions qui empêchent la spéculation. C’est un programme certes ambitieux, mais qui peut être mis en œuvre, pas à pas, au travers de nos combats municipaux, cantonaux et nationaux. Rappelons-nous que la situation économique précaire des locataires dans notre pays n’est pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques de la majorité liée aux milieux immobiliers. Le reste n’est que fake news.

Carlo Sommaruga
Président
ASLOCA Suisse

 

9 septembre 2024
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