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Participer activement à la construction et à la vide quotidienne de son quartier devient une véritable tendance pour les locataires chez nous comme ailleurs dans le monde.
La tendance est bien réelle. Pour faire face à la crise économique en maîtrisant les charges liées au logement tout en luttant contre l’individualisation de notre société, l’habitat participatif séduit.
Souvent initiés par les mairies ou les communes comme à Meyrin (lire ci-dessous), à Québec ou à Paris, ces projets doivent dans un premier temps pouvoir compter sur un terrain. Ensuite il revient aux futurs habitants de se regrouper pour mettre en œuvre la construction et la conception de leurs habitations ainsi que la gestion des espaces communs.
Inventer l'habitat de demain
L’habitat participatif a l’avantage d’impliquer les habitants des lieux et de leur donner l’occasion d’assumer eux-mêmes l’entretien des parties communes. En cela il permet de faire des économies, également par le fait que certains produits peuvent être acheter en gros et réduire ainsi les dépenses des ménages.
Ce genre de projets favorise bien entendu les liens sociaux, parfois même intergénérationnels, comme c’est le cas du projet Amaryllis créé en 2007 à Bonn (Allemagne). En équilibre entre sphère privée et vie en communauté, ces nouveaux systèmes de résidences collectives ont l’ambition d’inventer l’habitat de demain. Et cela a l’air de fonctionner.
A Québec par exemple, le projet Cohabitat, situé au milieu de la ville, a assume la gestion du site en appliquant la sociocratie. Pas question d’imposer la décision de la majorité par un vote par exemple.
Un système de décisions basé sur la sociocratie
La sociocratie se base sur un mode de gouvernance. Peut-être plus lent, surtout moins expéditif, ce mode de faire a l’avantage de respecter les ressentis de chaque acteur du projet tout en développant la coresponsabilisation des membres du groupe en insistant sur le pouvoir de l’intelligence collective au service du succès à long terme de l’organisation. En d’autres mots, tant que le groupe n’a pas trouvé une solution pour faire tomber une opposition, aucune décision n’est prise.
Gagnant-gagnant
Au final, tout le monde doit être d’accord, c’est ce que l’on appelle aussi le système gagnant-gagnant.
Cette gestion propre aux habitants peut sembler présenter une certaine lourdeur, passablement de contraintes, mais il se peut aussi que cet investissement dans les relations humaines puisse porter ses fruits et améliorer considérablement les conditions de vie de chacun. A suivre.
Reto Cadotsch:
«Les habitants d’un quartier doivent avoir leur mot à dire»
Futur habitant du quartier des Vergers à Meyrin, dont le chantier vient de démarrer, Reto Cadotsch, originaire des Grisons, est un passionné de l’agriculture de proximité. Il est à l’origine de trois grands projets genevois:
- la coopérative Les jardins de Cocagne, créée en 1978 et qui livre des paniers de fruits et légumes à 400 membres
- l’Affaire Tournerêve en 2003, qui compte quinze producteurs et fournit deux fois par année un cornet d’aliments de garde (fruits, jus de fruits, pommes de terre, céréales, huile, etc.) à presque 1500 familles
- la coopérative Les Cueillettes de Landecy, qui propose à 75 familles de payer un forfait annuel et de venir cueillir elles-mêmes les fruits et les légumes dont elles ont besoin. Interview.