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Pays de lacs par excellence, la Suisse compte pas moins de 170 points d’eau. Fait-il pour autant bon vivre sur nos eaux nationales? Le point avec deux hommes qui en connaissent long sur la question. Passionné de navigation, Stéphane Huber est le responsable de la navigation au Service des automobiles et de la navigation du canton de Vaud. Interview. A-t-on le droit d’habiter sur l’eau en Suisse? Stéphane Huber. Oui, théoriquement en Suisse il est possible de vivre sur un bateau qui peut se déplacer sur l’eau. Ce qui signifie qu’il est interdit de vivre dans une habitation qui flotte sur l’eau et qui ne ressemble pas à un bateau. Concrètement… La vie sur l’eau répond à des exigences spécifiques et il n’est pas si facile de vivre sur son bateau à l’année en Suisse, notamment pour des raisons de sécurité que la loi met bien en évidence. Dites-nous en plus… Contrairement à des pays comme les Pays-Bas, où il n’est pas rare de voir des gens vivre sur leur bateau, la typologie de la Suisse ne favorise pas du tout ce mode de vie. Nous sommes un pays de montagne, nos rivières dévalent les pentes et, lors de fortes pluies provoquant des crues, charrient énormément de matériaux qui peuvent parfois être de grande taille. Ces matériaux sont ensuite entraînés dans les fleuves puis dans les lacs. Au Bouveret par exemple, à l’embouchure du Rhône dans le lac Léman, on peut observer la quantité de matériaux qui sont sortis de l’eau tous les jours pour éviter une trop grande accumulation. Et ces matériaux pourraient venir cogner les bateaux sur le lac? Tout est possible. Mais, en plus, il n’est pas prudent de dormir sur un bateau au large sans que ce dernier soit ancré ou amarré. Sur un lac comme le Léman ou le lac de Neuchâtel, vous pouvez vous endormir au son d’un doux clapotis et vous faire réveiller violemment. Les conditions météo liées au vent changent très rapidement sur nos eaux en raison de notre topographie. A la longue, cela n’est pas vivable, c’est même dangereux. Sur le lac Léman, tous les navigateurs se méfient d’un coup de tabac. Même la CGN (Compagnie générale de navigation) avec pourtant des bateaux lourds et de grande taille doit parfois suspendre son service. Et qu’en est-il des ordures et des eaux usées? Les eaux noires, comme on les appelle sur un bateau, ne peuvent pas être déversées dans nos lacs et dans nos rivières. C’est interdit par la loi. Les eaux usées doivent être stockées sur le bateau dans des réservoirs et vidées à l’aide d’une pompe spéciale mise à disposition dans les ports. Plus le bateau est petit, plus le réservoir le sera également et plus l’autonomie à bord sera limitée. Pour cette raison, un bateau habitable est forcément un bateau de taille importante. DU CÔTÉ DE LA LOI Vivre sur l’eau en Suisse est régi par des lois fédérales et plus particulièrement par l’ordonnance sur la navigation intérieure (ONI). L’article 2 (al. a17) de cette dernière donne la définition d’un bateau où l’on peut vivre. Il doit s’agir d’un «bateau équipé pour vivre en permanence à son bord, qui est habité et qui reste au même endroit durant plus de deux mois civils consécutifs ou qui retourne régulièrement au même lieu d’amarrage durant cet intervalle». L’article 59 précise: «Les bateaux ne peuvent rester plus de 24 heures ancrés ou amarrés à l’extérieur des lieux de stationnement autorisés que si une personne se trouve à bord.» De plus, selon l’al. 2 de l’art. 96: «Les bateaux que leur mode de construction ou d’exploitation destine avant tout à l’habitation (par exemple, maisons ou habitations flottantes) et les véhicules amphibies ne sont pas admis sur les eaux suisses.»
30 mai 2016
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