n°259 - janvier 2023
Ukraine: une Suisse ouverte, mais...
Dès le début de la guerre en Ukraine, la Suisse a ouvert ses portes aux réfugiés de ce pays. En adoptant le 12 mars dernier le permis de protection S, la Confédération a lancé un signal politique fort. Oui, le pays allait protéger les réfugiés fuyant les bombardements et les exactions de l’armée russe. Oui, ont répondu les associations et les cantons, nous allons mettre en place les mesures d’urgence pour héberger ces Européens en fuite, dont une majorité est constituée de femmes avec enfants. Oui, des milliers de familles ont ouvert leurs portes à des Ukrainiens, mettant les petits plats dans les grands pour les accueillir, malgré les difficultés de la langue. Malgré aussi les bugs administratifs et organisationnels qui ont pu gêner l’accueil des réfugiés. La guerre se poursuit. Les choses se compliquent. Primo, la ferveur de l’accueil d’Ukrainiens par des foyers se tasse. Certaines familles restent ancrées chez leurs hôtes, mais par ailleurs nombre de réfugiés les quittent. Certains rentrent au pays. D’autres se débrouillent comme ils le peuvent. C’est ce que montrent notamment les deux témoignages recueillis dans ce numéro. On voit aussi que, dans les villes romandes, l’accès des réfugiés à des appartements en location diffère radicalement. À Neuchâtel, l’entrée dans un logement indépendant est gérée par le Canton. À Genève, trouver un studio indépendant relève du parcours du combattant. Cela reflète l’état du marché locatif. Résultat : les collectivités aménagement des lieux d’accueil d’urgence collectifs, peu adaptés aux besoins des réfugiés. Désormais, la question de l’accueil des réfugiés ukrainiens doit se projeter dans le moyen et le long terme. La Suisse aura beaucoup à faire pour maintenir cet effort.